Une invitation inattendue
Jamais il y a quelques années je ne me serais vue manipuler une renarde trouvée morte, la dépecer et tanner sa peau. J’imagine que vous non plus.
Lorsque cette renarde est venue mourir au fond du jardin, j’ai ressenti tout à la fois :
- une invitation à faire connaissance
- un grand respect et une curiosité pour l’être qu’est cette renarde,
- une humilité et une écoute – de mes peurs et timidité face à la mort et à d’éventuelles maladies.
Ce que j’ai appris
J’ai avancé pas à pas dans son dépeçage puis séchage et tannage de sa peau. A chaque étape, j’ai vécu beaucoup d’apprentissages et d’émotions :
- La 𝗰𝗼𝗻𝗻𝗮𝗶𝘀𝘀𝗮𝗻𝗰𝗲 𝗶𝗻𝘁𝗶𝗺𝗲 𝗱’𝘂𝗻 𝗮𝗻𝗶𝗺𝗮𝗹 (cette Renarde et tous les renards) que l’on dit nuisible : ses dimensions, son anatomie, son odeur ( depuis je reconnais sans hésitation les lieux où le renard a déposé son odeur grâce à ses glandes situées à la base de la queue)
- Un 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗮𝗰𝘁 𝗰𝗵𝗼𝗶𝘀𝗶 𝗲𝘁 𝗲𝗻𝘀𝗲𝗶𝗴𝗻𝗮𝗻𝘁 𝗮̀ 𝗹𝗮 𝗺𝗼𝗿𝘁 𝗲𝘁 𝗮̀ 𝗹𝗮 𝗺𝗼𝗿𝗯𝗶𝗱𝗶𝘁𝗲́ que l’on évite aussi soigneusement que possible dans nos sociétés
- Un 𝗲𝗻𝗴𝗮𝗴𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱’𝗮𝗹𝗹𝗲𝗿 𝗮𝘂 𝗯𝗼𝘂𝘁 de ma démarche, sans connaissance préalable, malgré les hésitations, les erreurs… pour ne pas s’arrêter en chemin et d’une certaine manière « manquer de respect » à cette renarde
- Une 𝗽𝗿𝗼𝗳𝗼𝗻𝗱𝗲𝘂𝗿 𝗿𝗲𝗱𝗼𝗻𝗻𝗲́𝗲 𝗮𝘂𝘅 𝗼𝗯𝗷𝗲𝘁𝘀 𝗱𝘂 𝗾𝘂𝗼𝘁𝗶𝗱𝗶𝗲𝗻 : bien sûr l’idée n’était pas de me coudre un pantalon… mais en travaillant la matière comme nos ancêtres le faisaient, je prends conscience du temps qu’il faut pour faire les choses, de leur valeur et du processus intérieur puissant qu’entraine chaque production.
Je ne sais pas ce que je ferai de cette peau mais sans aucun doute vous la partager lors de séjours, pour que vous aussi soyez en lien avec les renards.
